Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/395

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nale et de ces multiples rapports de causes relatives à effets relatifs qui déterminent et enchaînent toutes les choses existantes, en établissant entre elles une sorte d’unité incessamment reproduite, j’affirme par là même que tout ce monde phénoménal, le monde apparent, sensible, connu, n’est qu’une sorte d’enveloppe extérieure, une écorce au fond de laquelle se cache comme un noyau l’être non déterminé par des rapports extérieurs, l’être non relatif, non dépendant, |221 l’Absolu. On voit que M. Littré, probablement à cause même de son mépris profond pour la métaphysique, en est resté lui-même à la métaphysique de Kant, qui se perd, comme on sait, dans ces antinomies ou contradictions qu’elle prétend être inconciliables et insolubles : du fini et de l’infini, de l’extérieur et de l’intérieur, du relatif et de l’absolu, etc. Il est clair qu’en étudiant le monde avec l’idée fixe de l’insolubilité de ces catégories qui semblent, d’un côté, absolument opposées, et, de l’autre, si étroitement, si absolument enchaînées qu’on ne peut penser à l’une sans penser immédiatement en même temps à l’autre, il est clair, dis-je, qu’en approchant du monde existant avec ce préjugé métaphysique dans la tête, on sera toujours incapable de comprendre quelque chose à la nature des choses. Si les positivistes français avaient voulu prendre connaissance de la critique précieuse que Hegel, dans sa Logique, qui est certainement l’un des livres les plus profonds qui aient été écrits dans notre siècle, a faite de toutes ces antinomies kan-