Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/396

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tiennes, ils se seraient rassurés sur cette prétendue impossibilité de reconnaître la nature intime des choses. Ils auraient compris qu’aucune chose ne peut avoir réellement dans son intérieur une nature qui ne soit manifestée en son extérieur ; ou, comme l’a dit Goethe, en réponse à je ne sais plus quel poète allemand qui a prétendu « qu’aucun esprit créé ne pouvait pénétrer jusque dans l’intérieur de la Nature » (In’s Innere der Natur dringt kein erschaffner Geist) :


Voilà vingt ans que j’entends répéter cette chose,
Et que je peste contre elle, mais en secret.
La nature n’a ni noyau, ni écorce ;
Elle est tout cela à la fois.


Schon zwanzig Jahre hör ’ ich’ s wiederholen,
Und fluche drauf, aber verstohlen,
Natur hat weder Kern noch Schale ;
Alles ist sie auf einem Male.


|222 Je demande pardon au lecteur de cette longue dissertation sur la nature des choses. Mais il s’agit d’un intérêt suprême, celui de l’exclusion réelle et complète, de la destruction finale de l’absolu, qui, cette fois, ne se contente plus seulement de se promener comme un fantôme lamentable sur les confins de notre monde visible, dans l’immensité infinie de l’espace, mais qui, encouragé par la métaphysique toute kantienne des positivistes, veut s’introduire sournoisement au fond de toutes les