Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

humains, les plus doux, ont presque toujours dans le fond de leur cœur, — et, sinon dans le cœur, dans leur imagination, dans l’esprit (et l’on sait l’influence formidable que l’une et l’autre exercent sur le cœur des hommes), — pourquoi il y a, dis-je, dans les sentiments de tout prêtre quelque chose de cruel et de sanguinaire.

----------

Tout cela, nos illustres idéalistes contemporains le savent mieux que personne. Ce sont des hommes savants qui savent leur histoire par cœur ; et comme ils sont en même temps |171 des hommes vivants, de grandes âmes pénétrées d’un amour sincère et profond pour le bien de l’humanité, ils ont maudit et flétri tous ces méfaits, tous ces crimes de la religion avec une éloquence sans pareille. Ils repoussent avec indignation toute solidarité avec le Dieu des religions positives et avec ses représentants passés et présents sur la terre.

Le Dieu qu’ils adorent ou qu’ils croient adorer se distingue précisément des dieux réels de l’histoire, en ce qu’il n’est pas du tout un Dieu positif, ni déterminé de quelque manière que ce soit, ni théologiquement, ni même métaphysiquement. Ce n’est ni l’Être‑suprême de Robespierre et de J.‑J. Rousseau, ni le Dieu panthéiste de Spinoza, ni même le Dieu à la fois immanent et transcendant et fort équivoque de Hegel. Ils prennent bien garde de lui donner une