Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/183

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par leur vanité et leurs intérêts privés, dans cette voie fatale, ils sont nécessairement arrivés à ce résultat, qu’au lieu d’organiser une grande puissance révolutionnaire, fondée directement sur le peuple, ils ont livré le pays aux ambitions vaniteuses et cupides et à la direction inepte des bourgeois, et créé par là même partout l’anarchie, l’impuissance et la défaillance.

Messieurs les membres du gouvernement de la Défense nationale sont sans nul doute des gens parfaitement honorables, et, en plus, des hommes de talent, brillants orateurs et qui doivent avoir acquis une certaine expérience des affaires publiques, non sans doute par l’exercice direct du gouvernement, qui s’était refusé jusqu’ici à tomber en leurs mains, mais par tant d’années qu’ils avaient employées à critiquer le gouvernement d’autrui. Quant à ceux d’entre eux qui ont eu l’occasion de partager avec d’autres la responsabilité gouvernementale, soit à titre de membres du gouvernement provisoire de 1848, comme |73 M. Crémieux, soit à titre de simple ministre comme M. Jules Favre[1], je ne pense pas qu’ils trouvent tous les deux un avantage quelconque à s’en prévaloir, le premier n’ayant brillé que par son insignifiance complète et par ses hésitations et ses défaillances dans les grandes crises

  1. Jules Favre n’a pas été ministre en 1848 ; il a occupé simplement les fonctions de secrétaire général du ministère de l’intérieur, dont le portefeuille avait été confié à Ledru-Rollin. — J. G.