Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/219

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ment socialistes ? Pour eux, la République commence là où elle a été violemment interrompue en Juin 1848. La République, pour eux, c’est la Révolution universelle, politique, sans doute, mais en même temps |102 aussi, et bien plus qu’une simple révolution politique, c’est la Révolution économique et sociale.

Oui, Monsieur Gambetta, sachez-le bien, ce n’est pas votre « démocratie sage, rationnelle et positiviste », laquelle, selon vous, « peut tout concilier, tout harmoniser et tout féconder », c’est la révolution économique et sociale qui vit dans les aspirations et dans les attentes du prolétariat de la France, aussi bien que du prolétariat de l’Europe et de tout le monde plus ou moins civilisé. Le peuple n’en comprend plus et ne peut plus en vouloir d’autre, depuis que les journées de Juin lui ont démontré qu’entre le bien-être et la liberté populaires, d’un côté, et la prospérité et la liberté bourgeoises de l’autre, il y a inconciliabilité absolue, un abîme. Cet abîme s’est élargi, depuis, chaque jour davantage dans la conscience du prolétariat, et il est devenu si large et si profond aujourd’hui que toutes les fleurs de votre rhétorique ne parviendront pas à le masquer. Le peuple sait qu’avant qu’il n’y ait une bonne révolution économique et sociale, qu’avant qu’il ne se soit rendu propriétaire collectif du capital et de tous les instruments de travail, il n’y aura pour lui ni liberté, ni bien-être.

Considérez, je vous prie, les deux républiques de