Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/282

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d’autant plus impérieux que la société est plus nombreuse et son organisation plus complexe. Dans un tel cas, l’État est l’expression de tous les sacrifices individuels. Existant sous une telle forme abstraite, et en même temps violente, il continue, cela va sans dire, à gêner de plus en plus la liberté individuelle au nom de ce mensonge qu’on appelle « bonheur public », quoique évidemment il ne représente exclusivement que l’intérêt de la classe dominante. L’État, de cette manière, nous apparaît comme une inévitable négation et une annihilation de toute liberté, de tout intérêt, individuel aussi bien que général.

On voit ici que dans les systèmes métaphysiques et théologiques tout se lie et s’explique par lui-même. Voilà pourquoi les défenseurs logiques de ces systèmes peuvent et doivent même, la conscience tranquille, continuer à exploiter les masses populaires au moyen de l’Église et de l’État. Bourrant leurs poches et assouvissant tous leurs sales désirs, ils peuvent en même temps se consoler à la pensée qu’ils peinent pour la gloire de Dieu, pour la victoire de la civilisation et pour la félicité éternelle du prolétariat.

Mais nous autres, ne croyant ni en Dieu, ni en l’immortalité de l’âme, ni en la propre liberté de la volonté, nous affirmons que la liberté doit être comprise, dans son acception la plus complète ci la plus large, comme but du progrès historique de l’humanité. Par un étrange, quoique logique con-