Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/283

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traste, nos adversaires, idéalistes de la idéologie et de la métaphysique, prennent le principe de la liberté comme fondement et base de leurs théories, pour conclure tout bonnement à l’indispensabilité de l’esclavage des hommes. Nous autres, matérialistes en théorie, nous tendons en pratique à créer et à rendre durable un idéalisme rationnel et noble. Nos ennemis, idéalistes divins et transcendantaux, tombent jusqu’au matérialisme pratique, sanguinaire et vil, au nom de la même logique, d’après laquelle chaque développement est la négation du principe fondamental. Nous sommes convaincus que toute la richesse du développement intellectuel, moral et matériel de l’homme, de même que son apparente indépendance, — que tout cela est le produit de la vie en société. En dehors de la société, l’homme ne serait non seulement pas libre, mais il ne serait même pas transformé en homme vrai, c’est-à-dire en être qui a conscience de lui-même, qui sent, pense et parle. Le concours de l’intelligence et du travail collectif a seul pu forcer l’homme à sortir de l’état de sauvage et de brute qui constituait sa nature première ou bien son point initial de développement ultérieur. Nous sommes profondément convaincus de cette vérité que toute la vie des hommes — intérêts, tendances, besoins, illusions, sottises même, aussi bien que les violences, les injustices et toutes les actions qui ont l’apparence d’être volontaires — ne représente que la conséquence des forces fatales de la vie en société. Les