Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépasseront en grandeur ceux de 1789 et de 1793. Ce qu’on sent, ce qu’on voit dans ces époques grandioses et puissantes, ne peut-il être comparé au flux de l’Océan ?

Mais il est d’autres époques sombres, désespérantes, fatales, où tout respire la décadence, la prostration et la mort, et qui présentent une véritable éclipse de la conscience publique et privée. Ce sont les reflux qui suivent toujours les grandes catastrophes historiques. Telle fut l’époque du premier Empire et de la Restauration. Tels furent les dix-neuf ou vingt ans qui suivirent la catastrophe de Juin 1848. Telles seront, à un degré plus terrible encore, les vingt ou trente années qui succéderont à la conquête de la France populaire par les armées du despote prussien, s’il est vrai que les ouvriers, que le peuple français puisse être assez lâche pour livrer la France.

Une si grande lâcheté historique serait une preuve que messieurs les professeurs de l’Allemagne et les colonels du roi de Prusse[1] ont raison d’affirmer que le rôle de la France dans |93 le développement des destinées sociales de l’humanité est fini, que cette splendide intelligence française, ce phare lumineux des siècles modernes, s’est définitivement éclipsée, qu’elle n’a plus rien à dire à l’Europe, qu’elle est morte, et qu’enfin ce grand et noble caractère na-

  1. Lisez la lettre insolente et caractéristique adressée par le colonel de Holstein à M. Émile de Girardin. (Note de Bakounine.)