Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/436

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ser. De cette seule manière on a pu créer cette unité politique tant désirée et prônée, mais en même temps on a créé l’esclavage.

Je résume la question : en introduisant la question politique dans le programme obligatoire de l’Internationale, on a placé notre Association dans un terrible dilemme, dont voici les deux termes :

Ou l’unité avec l’esclavage,

Ou la liberté avec la division et la dissolution.

Comment en sortir ? Tout simplement en retournant à nos statuts généraux primitifs, qui font abstraction de la question proprement politique, laissant son développement à la liberté des fédérations et des sections. Mais alors chaque fédération, chaque section suivra la direction politique qu’elle voudra ? — Sans doute. — Mais alors l’Internationale se transformera en une tour de Babel ? — Au contraire, c’est alors seulement qu’elle constituera son unité réelle, économique d’abord, et ensuite nécessairement politique ; c’est alors qu’elle créera, non sans doute d’un seul coup, la grande politique de l’Internationale, émanée non d’une tête isolée, ambitieuse, très savante et néanmoins incapable d’embrasser les mille besoins du prolétariat, si pleine de cervelle qu’elle soit[1], mais de l’action absolument

  1. Allusion à un mot prononce par Sorge, délégué d’Amérique, au Congres de la Haye ; il avait dit : « Les partisans de l’autonomie disent que notre Association n’a pas besoin de tête ; nous pensons au contraire qu’il lui en faut une, avec beaucoup de cervelle dedans ». — J. G.