Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/437

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La base de cette grande unité, qu’on chercherait vainement dans les idées philosophiques et politiques du jour, se trouve toute donnée par la solidarité des souffrances, des intérêts, des besoins et des aspirations réelles du prolétariat du monde entier. Cette solidarité n’est point à créer, elle existe dans le fait ; elle constitue la vie propre, l’expérience quotidienne du monde ouvrier, et tout ce qui reste à faire |19 c’est de la lui faire connaître et de l’aider à l’organiser consciemment. C’est la solidarité des revendications économiques. L’avoir compris, tel est, selon moi, l’unique, mais en même temps le très grand mérite des premiers fondateurs de notre Association, parmi lesquels, j’aime à le rappeler toujours, M. Marx a joué un rôle si utilement prépondérant, sauf les quelques velléités toutes politiciennes et allemandes que le Congrès de Genève a éliminées sagement du programme qu’il avait présenté[1].

  1. Bakounine était inexactement renseigné. Le Congrès de Genève n’a rien eu à « éliminer » d’un « programme présenté par Marx ». Le Congrès a adopté, sans y rien changer, le texte des considérants des statuts provisoires, où sont exposés dans leurs traits généraux les principes sur la base desquels l’Internationale s’est constituée. Quant au manifeste (Address) de 1864, où Marx avait formulé cette idée que « la conquête du pouvoir politique était le premier devoir du prolétariat », il n’a jamais, jusqu’en 1872, été soumis à l’approbation d’aucun Congrès de l’Internationale, et il est demeuré l’expression des opinions personnelles de son rédacteur et de ses co-signataires. — J. G.