Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/444

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tique sur notre drapeau, dans le programme officiel et obligatoire de l’Internationale.

Voilà où a été son erreur. Les masses, sans différence de degré de culture, de croyances religieuses, de pays et de langues, avaient compris le langage de l’Internationale, lorsqu’elle leur avait parlé de leur misère, de leur souffrance et de leur esclavage sous le joug du capital et de la propriété exploiteuse ; elles l’ont compris lorsqu’elle leur a démontré la nécessité d’unir leurs efforts dans une grande lutte solidaire et commune. Mais voici qu’on vient leur parler d’un programme politique très savant, très autoritaire surtout, et qui, au nom de leur propre salut, vient leur imposer, dans cette Internationale même qui devait organiser leur émancipation par leurs propres efforts, un gouvernement dictatorial, provisoire sans doute, mais, en attendant, tout à fait arbitraire, et dirigé par une tête extraordinairement remplie de cervelle.

À quel degré de démence ne fallait-il pas avoir été poussé soit par l’ambition, soit par la vanité, soit par toutes les deux à la fois, pour avoir pu concevoir l’espérance qu’on pourrait retenir les masses ouvrières des différents pays de l’Europe et de l’Amérique sous le drapeau de l’Internationale à ces conditions-là !

Mais, dira quelqu’un, le succès le plus triomphant n’a-t-il pas donné raison à M. Marx, et le Congrès de la Haye n’a-t-il pas voté tout ce qu’il lui avait demandé ?