Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/484

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conséquence de balayer toutes les vieilles questions, pour faire place à des questions nouvelles et tout à fait différentes, — donc quoi qu’on dise, la France n’a pas oublié l’injure sanglante qu’elle a reçue de l’Allemagne. Elle prendra fatalement sa revanche, soit en prenant l’initiative d’une terrible révolution sociale qui fera crouler à la fois les deux États de France et d’Allemagne, et dont la direction ne sera probablement confiée aux mains d’aucun dictateur, soit par une lutte à mort d’État à État, par un duel entre la République et l’Empire.

M. de Bismarck le sait fort bien, et c’est pourquoi il a encore besoin de l’alliance du tsar et pourquoi il dirige ses armements encore aujourd’hui presque exclusivement contre la France. Mais, comme je l’ai dit, dans sa pensée, aussi bien que dans celle de M. Marx, la lutte avec la Russie, la guerre à mort entre l’empereur d’Allemagne et le tsar, qu’elle éclate un peu plus tard ou un peu plus tôt, est une chose dont l’inévitabilité est comprise et l’accomplissement résolu. Seulement M. de Bismarck veut en finir d’abord complètement avec la France, parce que, encore plus excellent politique que M. Marx lui-même, il se dit que si toute l’Allemagne concentrée dans sa main devait lutter contre la Russie et la France en même temps, elle pourrait bien succomber. Il craint qu’on ne le comprenne trop tôt dans le cabinet de Saint-Pétersbourg, et que, l’ayant compris, le tsar ne se tourne contre lui lorsqu’il attaquera la France. Donc, plus sage sous ce rapport