Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/485

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que M. Marx, il se garde bien d’indisposer le tsar contre lui, et il se donne toutes les peines imaginables pour désarmer ses jalousies et ses craintes. Il tâche de gagner sa confiance et de s’assurer de sa connivence en lui laissant espérer, comme une récompense de sa neutralité et naturellement encore plus de sa coopération active si possible, une grande extension de territoire au détriment soit de la Turquie, soit de l’Autriche.

Il est évident que M. de Bismarck donnera à la Russie aussi peu qu’il pourra, le moins possible. Il se gardera bien d’augmenter |49 d’une manière trop réelle la puissance d’un empire contre lequel il se prépare à entrer en lice plus tard. Il sera bien forcé pourtant de le laisser faire quelques acquisitions sérieuses, mais comme l’Allemagne en fera indubitablement, en même temps, de plus sérieuses encore, et comme, selon toutes les probabilités, le gouvernement et l’administration germaniques, incomparablement plus capables et mieux dirigés que le gouvernement et l’administration russes, sauront tirer de leurs conquêtes plus d’avantages que les Russes, M. de Bismarck se dit qu’à la fin des comptes, et toute proportion gardée, la puissance de l’Allemagne comparée à celle de la Russie deviendra encore plus grande, et que, la Russie restant alors le seul ennemi, il sera beaucoup plus facile à l’Allemagne de le vaincre et de l’écraser.

Il faut être aveugle pour ne point voir que telle est, telle doit être la politique de M. de Bismarck