Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/194

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Scène VIII.

FONTANARÈS, ESTEBAN, GIRONE ET DEUX OUVRIERS, Personnages muets.
ESTEBAN.

Pourriez-vous nous dire où se cache un nommé Fontanarès ?

FONTANARÈS.

Il ne se cache point, le voici : mais il médite dans le silence. (À part.) Où est donc Quinola ? il sait si bien les renvoyer contents. (Haut.) Que voulez-vous ?

ESTEBAN.

Notre argent ! Depuis trois semaines nous travaillons à votre compte : l’ouvrier vit au jour le jour.

FONTANARÈS.

Hélas ! mes amis, moi je ne vis pas.

ESTEBAN.

Vous êtes seul, vous, vous pouvez vous serrer le ventre. Mais nous avons femme et enfants. Enfin, nous avons tout mis en gage…

FONTANARÈS.

Ayez confiance en moi.

ESTEBAN.

Est-ce que nous pouvons payer le boulanger avec votre confiance ?

FONTANARÈS.

Je suis un homme d’honneur.

GIRONE.

Tiens ! et nous aussi nous avons de l’honneur.

ESTEBAN.

Portez donc nos honneurs chez le Lombard, vous verrez ce qu’il prêtera dessus.

GIRONE.

Je ne suis pas un homme à talent, moi ! on ne me fait pas crédit.

ESTEBAN.

Je ne suis qu’un méchant ouvrier, mais si ma femme a besoin d’une marmite, je la paye, moi !

FONTANARÈS.

Qui donc vous ameute ainsi contre moi ?