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ACTE CINQUIÈME

Le théâtre représente la terrasse de l’hôtel de ville de Barcelone, de chaque côté duquel sont des pavillons. La terrasse qui donne sur la mer est terminée par un balcon régnant au fond de la scène. On voit la haute mer, les mâts du vaisseau du port. On entre par la droite et par la gauche.

Un grand fauteuil, des sièges et une table se trouvent à la droite du spectateur.

On entend le bruit des acclamations d’une foule immense.

Faustine regarde, appuyée au balcon, le bateau à vapeur. Lothundiaz est à gauche, plongé dans la stupéfaction ; don Frégose est à droite avec le secrétaire qui a dressé le procès-verbal de l’expérience. Le grand inquisiteur occupe le milieu de la scène.


Scène première.

LOTHUNDIAZ, LE GRAND INQUISITEUR, DON FRÉGOSE.
DON FRÉGOSE.

Je suis perdu, ruiné, déshonoré ! Aller tomber aux pieds du roi, je le trouverais impitoyable.

LOTHUNDIAZ.

À quel prix ai-je acheté la noblesse ! Mon fils est mort en Flandre dans une embuscade, et ma fille se meurt ; son mari, le gouverneur du Roussillon, n’a pas voulu lui permettre d’assister au triomphe de ce démon de Fontanarès. Elle avait bien raison de me dire que je me repentirais de mon aveuglement volontaire.

LE GRAND INQUISITEUR, à don Frégose.

Le saint-office a rappelé vos services au roi ; vous irez comme vice-roi au Pérou, vous pourrez y rétablir votre fortune mais achevez votre ouvrage : écrasons l’inventeur pour étouffer cette funeste invention.

DON FRÉGOSE.

Et comment ? Ne dois-je pas obéir aux ordres du roi, du moins ostensiblement.

LE GRAND INQUISITEUR.

Nous vous avons préparé les moyens d’obéir à la fois au saint-office et au roi. Vous n’avez qu’à m’obéir. (À Lothundiaz.) Comte Lo-