Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/346

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LE GÉNÉRAL.

Allons, allons, Gertrude… ces messieurs ont fait leur devoir. (Félix prépare sur un guéridon, au fond à gauche, ce qu’il faut pour le café.) Messieurs, puis-je vous offrir une tasse de café ?

LE JUGE.

Merci, général ; l’urgence de cette affaire nous a fait partir à l’improviste, et ma femme m’attend pour dîner à Louviers.

(Il va au perron causer avec le médecin.)
LE GÉNÉRAL, à Ramel.

Et vous, Monsieur, l’ami de Ferdinand ?

RAMEL.

Ah ! vous avez en lui, général, le plus noble cœur, le plus probe garçon et le plus charmant caractère que j’aie jamais rencontrés.

PAULINE.

Il est bien aimable, ce procureur du roi !

GODARD.

Et pourquoi ? Serait-ce parce qu’il fait l’éloge de M. Ferdinand ?… Tiens, tiens, tiens !

GERTRUDE, à Ramel.

Toutes les fois, Monsieur, que vous aurez quelques instants à vous, venez voir M. de Charny. (Au général.) N’est-ce pas, mon ami, nous en profiterons ?

LE JUGE, il revient du perron.

M. de la Grandière, notre médecin, a reconnu, comme le docteur Vernon, que le décès a été causé par une attaque de choléra asiatique. Nous vous prions, madame la comtesse, et vous, monsieur le comte, de nous excuser d’avoir troublé pour un moment votre charmant et paisible intérieur.

(Le général reconduit le juge.)
RAMEL, à Gertrude sur le devant de la scène.

Prenez garde ! Dieu ne protège pas des tentatives aussi téméraires que la vôtre. J’ai tout deviné. Renoncez à Ferdinand, laissez-lui la vie libre, et contentez-vous d’être heureuse femme et heureuse mère. Le sentier que vous suivez conduit au crime.

GERTRUDE.

Renoncer à lui, mais autant mourir !

RAMEL, à part.

Allons ! je le vois, il faut enlever d’ici Ferdinand

(Il fait un signe à Ferdinand, le prend par le bras et sort avec lui.)