Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/172

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cru deviner l’ambition de notre ami Thuillier, et j’ai voulu contribuer au bonheur de deux êtres faits l’un pour l’autre en vous offrant les moyens de vous donner accès dans le cœur un peu froid de Thuillier.

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Phellion fut confondu par cette tirade admirablement bien débitée, il fut ébloui, saisi ; mais il resta Phellion, il alla droit à l’avocat, lui tendit la main et la Peyrade lui donna la sienne. Tous deux ils se donnèrent une de ces solides poignées de main comme il s’en est donné, vers août 1830, entre la Bourgeoisie et les hommes du lendemain.

— Môsieur, dit le Commandant ému, je vous avais mal jugé ! Ce que vous me faites l’honneur de me confier mourra là !… reprit-il en montrant son cœur. Vous êtes un de ces hommes comme il y en a peu, mais qui consolent de bien des maux, inhérents d’ailleurs à notre État social. Le bien se voit si rarement qu’il est dans notre faible nature de nous défier des apparences… Vous avez en moi, un ami, si vous me permettez de m’honorer en prenant ce titre auprès de vous… Mais, vous allez me connaître, monsieur, je perdrais ma