Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/173

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propre estime si je proposais Thuillier. Non, mon fils ne devra pas son bonheur à une mauvaise action de son père… Je ne changerai pas de candidat, parce que mon Félix y trouve son intérêt… La vertu, Môsieur, c’est cela !

La Peyrade tira son mouchoir, se le fourra dans l’œil, y fit venir une larme, et dit en tendant la main à Phellion et détournant la tête :

— Voilà, Môsieur, le sublime de la vie privée et de la vie politique aux prises. Ne fussé-je venu que pour avoir ce spectacle, ma visite ne serait pas sans fruit… Que voulez-vous ?… à votre place j’agirais de même… Vous êtes ce que Dieu a fait de plus grand : un homme de bien ! Beaucoup de citoyens à la Jean-Jacques, car vous êtes un homme à la Jean-Jacques, et la France ! ô mon pays que ne deviendrais-tu… C’est moi, Môsieur, qui sollicite l’honneur d’être votre ami.

— Que se passe-t-il ? s’écria madame Phellion qui regardait la scène par la croisée, votre père et ce monstre d’homme s’embrassent…

Phellion et l’avocat sortirent et vinrent retrouver la famille dans le jardin.

— Mon cher Félix, dit le vieillard en montrant