Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à une cuisinière épousée par son maître.

Phellion, ce modèle du petit bourgeois, offrait autant de vertus que de ridicules. Subordonné pendant toute sa vie bureaucratique, il respectait les supériorités sociales. Aussi restait-il silencieux devant Minard. Il avait admirablement résisté, pour son compte, au temps critique de la retraite, et voici comment. Jamais ce digne et excellent homme n’avait pu se livrer à ses goûts. Il aimait la ville de Paris, il s’intéressait aux alignements, aux embellissements, il était homme à s’arrêter devant les maisons en démolition. On pouvait le surprendre intrépidement planté sur ses jambes, le nez en l’air, assistant à la chute d’une pierre qu’un maçon ébranle avec un levier en haut d’une muraille, et sans quitter la place que la pierre ne tombât ; et quand la pierre était tombée, il s’en allait heureux comme un académicien le serait de la chute d’un drame romantique. Véritable comparse de la grande comédie sociale, Phellion, Laudigeois et leurs pareils remplissent les fonctions du chœur antique. Ils pleurent quand on pleure, rient