Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/77

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quand il faut rire, et chantent en ritournelle les infortunes et les joies publiques, triomphant dans leur coin des triomphes d’Alger, de Constantine, de Lisbonne, d’Ulloa, déplorant égale-

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ment la mort de Napoléon, les catastrophes si funestes de Saint-Méry, de la rue Transnonain ; regrettant les hommes célèbres qui leur sont inconnus. Seulement, Phellion offre une double face ; il se partage encore entre les raisons de l’opposition et celles du gouvernement. Qu’on se battit dans les rues, Phellion avait alors le courage de se prononcer devant ses voisins, il allait sur la place Saint-Michel, il plaignait le gouvernement et faisait son devoir. Avant et pendant l’émeute, il soutenait la dynastie, œuvre de Juillet ; mais dès que le procès politique arrivait il tournait aux accusés. Ce girouettisme assez innocent se retrouvait dans ses opinions politiques, il répondait à tout par le colosse du Nord ou par le machiavélisme anglais. L’Angleterre est, pour lui, comme pour le Constitutionnel, une commère à deux fins, tour à tour la machiavélique Albion et le pays modèle ; machiavélique quand il s’agit