Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/78

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des intérêts de la France froissée et de Napoléon ; pays modèle quand il s’agit des fautes du gouvernement. Il admet avec le journal l’élément démocratique et se refuse dans la conversation à tout pacte avec l’esprit républicain. L’esprit républicain, c’est 1793, c’est l’émeute, la terreur, la loi agraire. L’élément démocratique est le développement de la petite bourgeoisie, c’est le règne de Phellion. Cet honnête vieillard est toujours digne, la dignité sert à expliquer sa vie. Il a élevé dignement ses enfants, il est resté père à leurs yeux, il tient à être honoré chez lui, comme il honore le pouvoir et ses supérieurs. Il n’a jamais eu de dettes. Juré, sa conscience le fait suer sang et eau à suivre les débats d’un procès, et il ne rit jamais alors même que rient la cour, l’audience et le ministère public. Eminemment serviable, il donne ses soins, son temps, tout, excepté son argent. Félix Phellion, son fils le professeur est son idole ; il le croit susceptible d’arriver à l’académie des Sciences. Thuillier, entre l’audacieuse nullité de Minard, et la niaiserie carrée de Phellion, était comme une substance neutre ; mais il tenait de l’un et de l’autre par sa mélancolique expérience.