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le sang de la coupe

Et vous, reines du monde, ô femmes adorées,
Déesses de Paris, ô fiertés et douceurs,
Beaux yeux, boucles de jais, chevelures dorées,
Accueillez-moi, je tremble, ô mes divines sœurs !

Rien qu’en posant au bord des fontaines limpides,
Ô sœurs de Galatée, ô sœurs d’Amaryllis,
Vos pieds, vos petits pieds sur les rochers arides,
Vous y faites fleurir des roses et des lys.

Ô vous, troupe charmante avec amour chantée,
Si vous voulez, orgueil de mes vers ciselés,
L’outremer brillera sur ma toile enchantée
Et ma pauvre Lesbos vivra, si vous voulez.

Si vous voulez, mes sœurs, votre fière jeunesse
Fera vivre un moment dans un rêve fleuri
Ma jeunesse impuissante, et j’aurai trop d’ivresse
Si vous avez pleuré, si vous avez souri !


Odéon, 12 novembre 1850.