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une bouche de pourpre dont les lèvres sont charnues sans être épaisses, et qui, en s’ouvrant, laisse voir des dents régulières, d’une éclatante blancheur de neige et d’ivoire, sont adoucis par une rare expression de patience et de bonté. Mais un simple froncement de sourcils fait de ce visage volontaire le masque terrible du personnage tragique, dont les yeux alors lancent de sauvages éclairs enflammés, parce que tout a été combiné pour cela. Mounet-Sully porte toute sa barbe, une barbe brune, longue, soyeuse, merveilleusement bien plantée ; car, ainsi que le disait Roqueplan, ce n’est rien d’être beau si on ne l’est pas à la mode de son temps, et il fallait que cette pure médaille syracusaine portât le millésime : 1873 !