Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/55

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Et le vent de l’exil parmi des cheveux blancs.
C’est ainsi que ces nains heureux, jadis tremblants,
Exultaient. Ils disaient : Tout doit finir, en somme.
Voici longtemps déjà qu’on admire cet homme.
Assez. Ne suivez plus la trace de ses pas.
Allons ailleurs. — Pardon, messieurs, je n’en suis pas.
Maître, je suis un flot parmi les flots sans nombre ;
Mais, depuis le matin, j’ai marché dans ton ombre.
J’ai parfois réfléchi ta lumière, et si peu
Que je sois, j’ai pu voir en toi l’infini bleu.
Tant que je vivrai sous les grands cieux qui se dorent,
Ô Père, je serai parmi ceux qui t’adorent,
Fidèles, et s’il n’en reste qu’un, je serai
Celui-là, plein d’amour et le cœur ulcéré !


Mardi, 26 juillet 1887.