Page:Banville - Eudore Cléaz, 1870.djvu/28

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il, groupe créé par l’inspiration d’un statuaire de l’antiquité n’eut plus de majesté et de grâce ; car, svelte, souriante dans un rayon de soleil, penchée vers moi comme une divinité secourable pour me promettre la fin de toutes les épreuves et de tous les malheurs, vous étiez véritablement belle, d’une beauté surhumaine et délicieusement transfigurée dans la lumière ! Et moi, il me l’a dit, et pourquoi ne le croirais-je pas ? moi j’étais belle aussi du reflet que jetait sur moi votre bonté infinie, votre calme assurance, tandis que vous vidiez entre mes mains la bourse qui contenait tout ce que vous possédiez, en vous faisant si tranquillement la créancière de Celui qui paye les dettes des misérables !

« Ah ! mademoiselle, c’est ici que je vois clairement le miracle, et que mon âme s’abîme dans la contemplation du miracle ! Votre action, si grande en sa simplicité, brûle, touche, subjugue à jamais le cœur d’un homme sans pareil au monde ; passant ému devant un spectacle qui fait vibrer en lui toutes les cordes de l’enthousiasme, il s’arrête, reste immobile, cloué au sol par l’admiration de votre beauté, dont seul peut-être il peut comprendre le caractère sublime ; n’était-ce pas à vous que devait s’adresser l’amour éclatant et rapide comme un incendie qui venait de s’allumer en lui pour ne plus mourir ? Eh bien non : Dieu, qui l’associait à votre noble, à votre généreux élan, voulut que celle que si soudainement il aima fût la pauvre créature humiliée que relevait et