Page:Banville - Gringoire, 1890.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce n’était qu’une enfant, en voyant un sourire empreint d’une ineffable bonté voltiger dans la lumière de ses lèvres roses. Alors, vous comprenez, mes pieds étaient cloués au sol, et je ne pouvais détacher mes yeux de cette maison, où se trouvait justement réuni tout ce que j’étais destiné à ne posséder jamais, un bon souper servi dans une riche vaisselle, et une vierge enfant, digne de l’adoration des anges !

LE ROI, bas à Nicole.

eh bien ! Nicole, voilà un pauvre songeur qui admire comme il faut ma chère filleule ! Que dis-tu de cela ?

SIMON FOURNIEZ, à part.

beau régal pour ma fille, d’être dévisagée par ce fantôme, qui est transparent comme la vitre d’une lanterne !

GRINGOIRE.

Je suis revenu chaque jour, car rien ne nous attire mieux que le sourire décevant des chimères ! Mais, comme l’a dit un sage, à la fin tout arrive, même les choses qu’on désire. Aujourd’hui enfin, j’ai festiné comme Baltassar, prince de Babylone. Mais je formais un autre souhait, car l’homme est insatiable.

LE ROI, venant s’accouder sur le fauteuil où Gringoire est assis.

ce souhait, quel est-il ?

GRINGOIRE, s’apercevant de sa méprise, et se levant précipitamment.

j’aurais voulu apercevoir une fois de plus cette belle jeune demoiselle de la fenêtre, -

SIMON FOURNIEZ.

Pour cela, non.

OLIVIER-LE-DAIM, à part.

bien.

GRINGOIRE, qui n’a pas entendu Simon Fourniez, continuant.

mais je la reverrai, puisque vous me faites partir devant elle, et que vous m’envoyez l’attendre au ciel, où sont tous les