Page:Banville - Les Parisiennes de Paris.djvu/187

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de ton petit speech, bon Suisse si bien verni, qui me souhaitais le bonjour avec tant de politesse !

Donc, brûle et dévore, ô flamme azurée, tout ce qui fut mon cœur et ma vie, et même ce qui fut mon rêve pendant ces années joyeuses ! Mets mon âme entre tes tisons et piétine dessus, danseuse folle !

Tu travailles pour mademoiselle Edwige jusqu’à ce que mademoiselle Edwige te chasse ; car elle te chassera, ô salamandre ! et elle dira que tu es une flamme libertine.

Mademoiselle Edwige fera établir ici un calorifère.

Devenez cendre et fumée, doux souvenirs !

Ce bouquet de violettes desséché, c’est à toi, Ninette ! Pauvre ange ! tu n’avais pas encore quinze ans ! Te souviens-tu du petit jardin sur la fenêtre et de nos serments dans le mois des lilas, et du vent qui dénouait tes cheveux pendant que tu becquetais ta colombe ! Pauvre Ninette ! nous avons bien pleuré le jour où elle est morte, cette blanche tourterelle !

Brûle, petit bouquet d’un sou, dont le parfum divin semblait l’âme de nos jeunes amours !

C’est à Louisa, ce diadème d’impératrice fait de strass et de chrysocale, et ce collier de verroterie bizarre que Titien eût voulu passer au cou de sa maîtresse. C’est à Louisa, la grande funambule aux cheveux noirs comme la nuit, qui faisait le combat au sabre, vêtue d’une cuirasse d’or et coiffée d’un casque ombragé de plumes !

Brûlez, diadème et collier de cette amazone superbe, qui est retournée un beau jour dans la patrie de Praxitèle et de Laïs !

Ô Julie, noble femme ! Il est à vous, madame la duchesse, ce camée inestimable qu’a porté avant vous Julie, la fille de l’empereur Octave-Auguste, Julie,