Les ennemis de Dieu pompeux et tlorissans ;
Il étale à son tour des revers équitables
Par qui les grands sont confondus,
Et les glaives qu’il tient pendus
Sur les plus fortunez coupables,
Sont d’autant plus inévitables
Que leurs coups sont moins attendus.
Indépendamment des monologues en strophes (et ceci demanderait toute une étude spéciale), Corneille, dans les moments où la passion arrive à son apogée et veut pour expression quelque chose qui remplace le chant, coupe son dialogue d’une manière régulière, avec des répliques égales, qui, pour ainsi dire, se font pendant l’une à l’autre, et donnent tout à fait l’équivalent de la forme lyrique. Ce procédé est emprunté aux comédies primitives du vieux théâtre français, qui, dans ce cas, admettent même le vers refrain, revenant plusieurs fois de suite, ce qui donne au dialogue une saveur imprévue et une grâce étrange. On en trouve dans les pièces de Corneille, et surtout dans Le Cid, de nombreux et admirables exemples :
- Ce que je méritois, vous l’avez emporté.
- Qui l’a gagné sur vous l’avoit mieux mérité.