Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/337

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à tous les grands cœurs, je me sens plein de respect et de reconnaissance pour le grand poète qui les a écrites. Quant à la langue, quant à l’art de conter, quant au divin tissu de ces deux chefs-d’œuvre, qu’en dire ? Ici la passion monte à l’héroïsme, et pourtant ce n’est pas seulement de l’admiration qu’inspirent les deux femmes immortelles, c’est de l’amour, de l’amour passionné et chevaleresque. Toujours les jeunes hommes de vingt ans apporteront leur cœur à ces divines créatures, toujours ils serviront Clitie assise à table et ils laisseront tomber des pleurs brûlants sur les pieds nus de Constance. Constance ! la nuit où ses amers sanglots lui rendirent le prin- temps de son âme, l’aurore qui la vit pardonnée et triomphante, dureront autant que le monde, et les pâles roses de ses joues ne peuvent plus mourir. Ne serait-il pas au premier rang parmi tous, le poëte de la courtisane amoureuse, lors même qu’il n’eût pas imaginé une de ses fables ? Et, sans un seul mot de description, que Constance et Clitie sont belles ! Cette Constance, comme on voit bien son noble visage digne de ses habits,


Corps piqué d’or, garnitures de prix,
Ajustement de princesse et de reine :