Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/211

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l'amant enfin d'une de ses ennemies, de la voir quelque temps sans abjurer ses préventions. — tous les hommes qu'elle voit lui sont dévoués, et qu'en attendent-ils ? La faveur de baiser son gant. C'est vraiment un honnête homme à travers les rancunes, les dépits et les ondoyances de la femme. C'est un honnête homme comme Ninon, mais c'est Ninon jusqu'à la ceinture.

La ressemblance ne descend pas plus bas que ses hanches superbes, dignes de la Niobé antique. Ses théories de coin du feu quand elle est animée et qu'elle ne craint pas son auditeur, peuvent rappeler la courtisane, mais cette nature d'esprit élégant et prompt à saisir le ridicule de certaines ivresses, mais ces sens harmonieusement et imperturbablement tranquilles, tout cet ensemble de résistance, empêchent à jamais la pratique, chose qu'elle n'apprécie pas encore, mais qu'elle appréciera quand elle sera plus mûre et plus avancée dans la vie.

Aujourd'hui éveillé à neuf heures, lu de l'italien dans mon lit, — puis levé, — déjeuné. — un temps gris et bas, — le froid pénétrant et acéré. — allumé du feu. — écrit à Guérin qui va mieux, se marie et revient, trois bonnes nouvelles ! — mon rêve a eu raison ; réponse aux gens qui se piquent de n'être pas superstitieux. — il paraît que c'est au mois des roses (en mai) que notre poëte deviendra époux.

— c'est un revirement