Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/147

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dénouement en affichant un goût passionné pour ces choses de la vie qu’il avait toujours dédaignées, les tentures, les meubles, les objets d’art, les bijoux et les fleurs ; et de cette manière il atteignait et enveloppait Calixte de ce luxe, étalé à dessein autour de lui, non pour lui, mais pour elle et sans qu’elle pût s’y opposer.

S’il lui avait dit que ce luxe était uniquement pour elle, et qu’il s’en souciait, lui, avec sa nature de paysan, de moine et de savant, moins que d’une pincée de la cendre de son fourneau, elle en eût repoussé la splendeur et elle aurait pris cette voix douce et grave à laquelle ce père, si tendrement esclave, ne pouvait jamais résister. Il savait la raison qui dominait l’admirable enfant, transparente, malgré son silence, comme une eau de source dont on verrait la profondeur. Sagace d’ailleurs autant qu’elle était transparente, il n’avait pas beaucoup de peine à s’expliquer pourquoi elle refusait obstinément tout ce qui eût comblé de joie les filles de son âge.

Calixte n’avait jamais voulu qu’on changeât rien à sa chambrette dont elle avait fait, après sa première communion, une vraie cellule de religieuse, dans sa virginale austérité. Seulement, s’il avait respecté cette douloureuse et généreuse fantaisie dont le sens vrai était perdu pour son grand esprit fourvoyé, il s’était pro-