Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/148

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mis que du moins il rachèterait une sévérité, inutile et cruelle, en forçant sa bien-aimée à vivre malgré elle dans un milieu plus doux, plus commode et plus beau.

Ce milieu serait celui de son père, devenu tout à coup un Tartuffe de magnificence dans le Quesnay restauré. Il y déploya donc ce qu’il appelait la dernière passion de sa vieillesse, — cette rage d’un luxe extérieur qu’il aimait, disait-il, — ce n’était pas sa faute ! — comme un parvenu !

Néel fut dupe de cette parole. Il prit au pied de la lettre ce mot de parvenu que s’appliquait Sombreval. Observateur de dix-huit ans, neuf à juger les hommes, il mit sur le compte d’une bonhomie originale ce qui n’était qu’une feinte de la plus inquiète des tendresses. Dès les premiers moments de leur rencontre, cet amour de père, qui débordait dans chaque mot, chaque regard et chaque geste de Sombreval, l’avait réconcilié avec la physionomie morale de cet homme, mais il ne pouvait découvrir alors ce que cet amour renfermait de trésors cachés.

Les heures qu’il passa au Quesnay ne firent que lui répéter, dans le menu des détails d’une journée tranquille, ce qu’il savait de l’affection de Sombreval pour Calixte. Cette journée, du reste, ressembla à toutes celles que nous avons