Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/172

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phétie dont le souvenir venait de le troubler.

Ne sachant de quel nom se servir avec cette octogénaire imposante, elle ne lui parlait pas ; mais, de la barque, elle la regardait avec curiosité, timide d’abord, puis sympathique, car cette vieille femme avait une majesté sereine et douce dont elle, Calixte, était tout intérieurement pénétrée.

Sombreval, qui devinait sa fille, répondit à sa pensée : — Il est inutile d’insister. Si elle a mis dans sa tête blanchie de ne pas entrer au Quesnay, nulle force humaine ne l’en fera passer la grille. — Mais comme dans son cœur, à lui, le dernier argument, le plus fort, ce que le canon est pour les rois, était sa fille, il ajouta :

— C’est ta petite-fille, la Malgaigne ; c’est Calixte Sombreval qui te demande de venir chez elle.

Et Calixte fit un geste d’adhésion à ce que disait son père avec un sourire plus éloquent que les paroles qu’il prononçait.

Celle qu’on appelait la grande Malgaigne demeura un instant silencieuse.

— Non, Jean, dit-elle en hochant la tête ; puis, tournant ses yeux pâles vers Calixte, elle ajouta : — Et vous, merci, merci, ma fille ! Je ne vous verrai pas sous le toit qui, malgré moi, couvre maintenant la tête de votre père, mais