Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/30

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aura donc plus fort que son entêtement et ses superstitions ? » pensait-il.

Et comme il la connaissait, il frémissait alors, car c’était quelque chose de bien souverain, de bien irrésistible, qui avait pu briser cet entêtement et l’arracher au fanatisme de ses superstitions.

Qu’était-ce donc ?… L’atroce injure de la Gamase, qu’il lui avait fait rentrer dans la gorge en la tuant, lui révélait quelle tare affreuse était probablement à la renommée de Calixte : mais il ignorait encore l’étendue du mal et il allait mesurer la largeur de cette gangrène d’infamie qui dévorait, sans qu’il le sût, le nom de sa chaste enfant. Vivant comme il vivait dans ce château dont les pierres, depuis qu’il y vivait, semblaient avoir la peste ; isolé au sein de ce pays, qui le regardait passer comme un fléau, et qui se rangeait, mais non de respect, sur son passage ; plus seul au milieu des relations forcées de la vie qu’entre ses vastes lucarnes du Quesnay, sur leur désert d’ardoises, Sombreval ne savait rien, car sa présence faisait partout le silence d’abord, — puis bientôt le vide.

Quand on lui avait répondu en deux mots, le plus brièvement qu’on pouvait, on s’en allait. Pour l’outrager, on attendait qu’il ne fût plus là : mais devant lui, bouche cousue. Personne