Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/37

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d’elle, au centre du mince vêtement qui, vaporeusement léger et tout odorant d’elle, n’est presque qu’un nuage d’encens autour du milieu de son corps, — dans cette ombre qui, au fond, est un fruit.

Pendant un instant, cela fut ainsi. Je fus étendu sur le mur devant cette femme qui tout à l’heure — je me rappelais un geste — avait eu peur de son reflet, et qui maintenant avait pris, dans la chasteté parfaite de sa solitude, une pose de fille qui se frotte aux regards de l’homme attiré devant elle… Pure, elle s’offrait et se creusait…

La flambée de la cheminée s’éteignait, et je ne la voyais presque plus, lorsqu’elle commença à se déshabiller : c’était dans la nuit qu’allait se passer cette fête immense d’elle et de moi.

Je vis la forme haute, diffuse, impitoyable, dans sa beauté presque éteinte, s’agiter avec douceur, environnée de bruits fins, caressants et tièdes. J’aperçus ses bras évoluer gravement, et à la lueur exquise d’un geste qui les arrondit, flexibles, je sus qu’ils étaient nus.

Ce qui venait de tomber sur le lit, en un mince lambeau soyeux, léger et lent, c’était le corsage qui la serrait doucement au cou, et fort à la taille… La jupe nuageuse s’entr’ouvrit, et, coulant à ses pieds, l’éclaira toute, très blême, au milieu des profondeurs. Il me sembla que je la vis se dégager de cette robe flétrie et qui hors d’elle n’était rien, et je distinguai la forme de ses deux jambes.

Je le crus peut-être, car mes yeux ne me servaient presque plus, non seulement à cause du manque de lumière, mais parce que j’étais aveuglé par l’effort