Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/100

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Le temps lava mon âme aux sanctuaires d’ombres,
Le temps, calme reflux,
Et je marche guidé par de douces mains sombres
Que je ne connais plus.

Comme un fleuve tranquille et pâle dans ses rives
Sous le deuil des rameaux,
Ma voix sans souvenir a des formes plaintives
Qui pleurent sur les mots.

Je laisse sans penser, rêver ma vue errante,
Aux horizons voilés,
Et je porte avec moi mon âme indifférente
Et mes yeux désolés.

Je m’en vais dans le bois parmi la nuit pensive,
La nuit, parmi la paix,
Avec ma marche lente et mon âme attentive,
Comme si j’écoutais.