Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/168

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Craignant le sourd vertige et les vagues rafales,
Tu te blottis vers moi lorsque tomba le soir.
Je porterai ta vie avec mes deux mains pâles,
Comme un calme martyre et comme un saint devoir.

Nous irons lentement où mon destin me pousse,
Les rêves du passé montent comme des pleurs,
Ma voix sera tranquille et ta voix sera douce,
Nous serons reconnus par les grandes douleurs.

Retrouve au loin les voix confuses dans la chambre,
Les après-midi longs où meurt un vieux soleil,
Le jardin pâle avec les feuilles de novembre,
Et tu pourras dormir parmi tout ce sommeil.

Ces choses balbutient lorsque tu les dévoiles,
Puis retombent au soir grandissant et berceur,
La rumeur de la nuit se tait dans les étoiles,
Ton front est lourd, ton âme est morte de douceur…