Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/167

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Nous tiendrons pour toujours nos mains mélancoliques,
Sur la route infinie où s’en va la douleur.
Je porte l’avenir dans mes yeux pacifiques,
Calme et désespéré comme un consolateur.

J’aurais mené ton rêve à mes apothéoses.
Hélas, tu n’as gardé de mon désir pieux
Que la détresse calme et la douceur des choses,
Et l’ampleur du sommeil qui vient fermer tes yeux !

Oh ! tu n’as pas senti vers la nuit infinie
Quelque chose dans toi frémir et s’enflammer,
Et tu meurs doucement dans ma monotonie,
Ô toi qui n’as pas eu le grand pouvoir d’aimer !

Tu n’as pas su la paix des âmes conquérantes,
Tu n’as pas eu le rêve inconsolable et nu.
Ton deuil s’est attristé dans les choses mourantes ;
Le grand pouvoir d’aimer, tu ne l’as pas connu.