Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/219

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Oh ! la lumière en pleurs descend dans l’étendue,
Et le ciel somptueux frémit comme un grand deuil.
Je vois au fond du soir trembler, l’âme perdue,
Les grands cierges déserts qui veillent sur le seuil.

Tout entière la nuit s’adoucit comme une âme,
Je sens autour de moi la douleur du ciel pur,
Les pauvres souvenirs qui veillent sur la flamme
Et qui seront drapés dans des sanglots d’azur.

La terre grise attend dans l’heure désolée,
J’entends le vent lointain, j’entends le vent souffrir,
Pauvre ange sans couleur perdu dans la vallée…
Les fleurs en touffes d’or sont tristes à mourir…

Et tout va reposer du repos de lumière ;
Du fond de l’horizon un grand sanglot voilé
Traverse lentement le silence en prière.
L’hymne de chaque soir erre au ciel étoilé.