Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’oublie un peu dans chaque geste.
Tout s’endort, je ne suis plus fou.
Ta chanson s’éloigne et je reste,
Et je ne pleure pas beaucoup.

Pourtant, le long des grands espaces,
Parfois, il tressaille un adieu ;
Parfois, à mes paupières lasses,
Le jour tendre frémit un peu,
Toi qui t’en vas, toi qui t’effaces,
Toi qui montes dans le ciel bleu.

Un reste de lumière trône
Au firmament déjà bien noir ;
Par la pauvre fenêtre jaune
Le ciel a tremblé sans savoir ;
Ton souvenir est une aumône
Dans la misère de ce soir.