Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/28

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J’ai construit au hasard le doux rêve effleuré…
Une vieille habitude y revient la première,
Puis un peu de musique y tremble sans lumière
Et cherche le bonheur dont elle avait pleuré.

Je ne sais plus la main qui s’est abandonnée,
Mais mon cœur se souvient qu’elle frémit un peu.
J’ai perdu lentement la parole d’aveu,
Mais gardé la douceur qui me l'avait donnée.

Je n’ai rien ajouté qui ne fût pas en moi ;
Je n’ai point ici-bas de lyre ni de muse,
J’ai fait parler le songe avec sa voix confuse
Et j’ai laissé l’oubli dormir auprès de toi.

Et pourtant, j’ai senti dans la vision brève
Quelle mélancolie erre sous la clarté,
Et regardé longtemps le départ attristé
Que tes pas fugitifs ont laissé dans mon rêve.