Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/183

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système d’administration. Son ascendant sur l’esprit des habitants était tel qu’il n’y eut pas un seul procès pendant la durée de son gouvernement, qui fut de onze années : les parties adverses ne manquèrent jamais de s’en remettre à son arbitrage. À son arrivée, les colons se servaient pour la pêche de grossières embarcations, auxquelles ils pouvaient à peine faire les plus urgentes réparations ; peu de mois après, il faisait construire un brigantin, dans lequel n’entrait pas un seul clou, une seule cheville qui n’eût été fabriquée dans les îles. En 1738, deux autres vaisseaux de 300 tonneaux sortirent du port ; un vaisseau de 500, qui plus tard fut armé en guerre, se trouvait déjà sur les chantiers.

Dupleix ne rendait pas alors de moindres services aux établissements français du Bengale et de la côte de Coromandel. Fils d’un fermier-général, Dupleix montra de bonne heure du goût pour la méditation et les sciences abstraites ; après avoir fait plusieurs voyages en Amérique et aux Indes orientales et rempli diverses fonctions à Pondichéry, il fut nommé, en 1736, directeur du comptoir de Chandernagor. Cet établissement se trouvait alors dans l’état le plus déplorable : le port était habituellement désert ; quelques mauvaises baraques en bois, éparses çà et là, composaient toute la ville. Bientôt deux mille maisons en briques sortirent tout-à-coup de terre comme par enchantement ; on compta dans le port jusqu’à soixante et