Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/338

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reng-Zeb. L’ordre fut rétabli, mais alors un nouvel accident faillit encore une fois tout perdre. L’éléphant monté par Aureng-Zeb ayant reçu une profonde blessure, devint ingouvernable ; Aureng-Zeb fit un mouvement pour en descendre ; déjà il avait un pied sur le marche-pied ; mais en ce moment l’émir Jumla, cet ami, ce partisan qu’il avait feint d’emprisonner, et qui se trouvait à cheval à côté de lui, cria d’une voix tonnante : « C’est du trône que vous descendez. » Aureng-Zeb le comprit, et, après un moment d’indécision, se replaça de nouveau sur le housda et fit enchaîner l’éléphant par le pied ; et les troupes ne cessant pas de voir l’étendard impérial, continuèrent de combattre avec la même ardeur. L’émir Jumla montra jusqu’à la fin de la bataille une intrépidité remarquée de tous. Sujah voyant la fortune se déclarer contre lui, n’eut bientôt plus qu’à s’enfuir à la tête de tout ce qu’il put rassembler de troupes. D’ailleurs Aureng-Zeb n’était pas en mesure de le poursuivre ; aussi, laissant son fils Mahomet à la tête d’un corps d’armée pour poursuivre les fugitifs, il s’en retourna à Agra.

De puissantes raisons rappelaient en effet Aureng-Zeb à Agra. Dara, parvenu à Bicker avec sa famille, traversa le désert, arriva dans le Guzerat ; là, à force de promesses, il parvint à rallier à son parti le gouverneur de la province. Aureng-Zeb savait par sa propre expérience combien il était aisé d’allumer la flamme de la révolte, toujours mal éteinte, parmi les rajahs désaffectionnés des mon-