Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/489

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ficier chargé de la garde de Murzapha-Jung était au nombre des conjurés ; aussi était-il déjà délivré des pesantes chaînes qu’il portait depuis sept mois. La tête de Nazir-Jung fut promenée dans le camp, et les soldats ne pouvant douter de sa mort, ne firent aucune difficulté de se ranger sous l’obéissance de Murzapha-Jung. Le nouveau subahdar se rendit dans la tente de cérémonie, et reçut les hommages des nabobs, des rajahs, des principaux officiers de l’armée ; les Français se présentèrent à leur tour et furent accueillis avec les plus grandes démonstrations de reconnaissance. Le matin même dans les fers, à chaque instant menacé de devenir la victime du moindre caprice de Nazir-Jung, Murzapha-Jung, avant la fin de la journée, régnait sur trente nabobs, sur une cinquantaine de rajahs, sur trente-cinq millions de sujets : telle était l’importance du subah du Deccan.

La nouvelle de cette révolution se répandit à Pondichéry dans la soirée du même jour ; Chunda-Saheb en fut le premier instruit ; laissant de côté tout le cérémonial si cher aux Orientaux, il s’élança seul, les vêtements en désordre, pour l’aller annoncer à Dupleix. Tous deux, délivrés de tant de soucis, de soins et d’agitations, s’embrassèrent comme deux amis échappés d’un naufrage commun. L’artillerie annonça bientôt la grande nouvelle ; le soir, Dupleix reçut les félicitations des habitants ; le lendemain, un Te Deum fut chanté en grande pompe. Trois députés furent envoyés com-