Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/148

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de son armée ne se montrèrent nullement satisfaits des conditions obtenues pour eux. Pendant la durée des négociations, il ne se fit pas scrupule de les abuser jusqu’à un certain point sur la teneur du traité : il le leur fit croire plus favorable qu’il ne l’était en réalité ; aussi, lorsqu’après la ratification du traité, la vérité fut connue, l’irritation des chefs ou des sirdars de son armée fut extrême. Craignant qu’ils ne se portassent à quelque violence, il prit le parti de chercher un refuge dans le camp du major-général Ochterlony. De là il s’occupa d’opérer le licenciement promis par lui aux Anglais ; mais ce n’était pas chose facile. Chaque brigade d’infanterie avec ses canons était la propriété d’un chef dont le revenu consistait à la louer au plus haut prix possible, à avoir une certaine part dans le butin qu’elle faisait sur l’ennemi. La moitié seulement de ces brigades appartenait de cette façon à Ameer-Khan ; les autres étaient, au même titre, la propriété de chefs que sa réputation militaire, le manque d’emploi ailleurs, avaient attirés à ses côtés ; qui d’ailleurs demeuraient fort indépendants de son autorité politique. À peine le traité fut-il connu dans tous ses détails, que chefs et soldats de son armée laissèrent échapper de nombreuses marques de mécontentement. Il s’agissait en effet pour les uns et les autres d’abandonner une vie d’abondance, de liberté, de licence, pour mieux dire, pour une autre vie de détresse, de misère, de privation. Ils refusèrent donc hautement de se séparer, surtout de li-