Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/231

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tous les mahométans qui continuaient de révérer le sang de Timour jusque dans ses descendants les plus dégénérés, ne pouvaient manquer d’être choqués de cette usurpation ; la permettre, c’était s’écarter sans raison de la conduite habile et prudente suivie jusque là par les Anglais. Clive avait voulu donner aux premières acquisitions territoriales de la Compagnie la base, la sanction d’un empereur qui ne se trouvait pas moins dénué de pouvoir réel que le furent depuis ses successeurs ayant acquis le dewanie de Bengale, Bahar et Orissa, la Compagnie n’en avait pas moins continué à frapper la monnaie au coin de l’empereur de Delhi ; elle s’intitulait le serviteur de ce souverain qui ne devait qu’à elle son pain quotidien. Depuis ce moment la faiblesse des empereurs avait continué de s’accroître, la puissance de la Compagnie de grandir ; mais les anciennes relations nominales n’en demeuraient pas moins toujours les mêmes. Ce n’est pas aux choses, c’est aux mots que les hommes tiennent le plus ; d’ailleurs les conquérants de tous les temps et de tous les pays doivent respecter plus soigneusement encore les sentiments des peuples conquis que leurs intérêts. On dit, il est vrai, que la prochaine arrivée au trône d’un prince de la famille impériale, qu’on disait opposé aux Anglais, engagea le gouvernement à tolérer cette démarche ; qu’elle le porta à voir avec plaisir le visir se dégager de toute dépendance, même nominale, à l’égard de l’empereur.