Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assignés d’avance, avec une exactitude qui aurait fait honneur à une armée européenne. La formation étant complétée, le reste de l’armée birmane se mit à ouvrir la terre, comme l’avait fait la première division ; en moins d’une couple d’heures la ligne fut achevée.

Cette ligne dérobait alors aux yeux des Anglais la masse nombreuse qu’ils avaient vue manœuvrer toute la journée. La rapidité avec laquelle les Birmans élèvent leurs fortifications de campagne est, en effet, singulièrement remarquable. La nature de ces ouvrages, la façon dont ils s’exécutent ne le sont pas moins. Un corps de troupes, chargé de cette besogne, se divise par couple de deux soldats ; l’un est armé d’une pelle, l’autre d’une pioche ; tous deux se mettent à l’œuvre et creusent un trou disposé de manière à les protéger tout à la fois contre le mauvais temps et le feu de l’ennemi ; une tranchée commune lie ensemble tous ces trous. Puis on pousse en zigzag cette tranchée, jusqu’à quelques verges seulement du point d’attaque. La profondeur de ces tranchées est calculée de manière à protéger ceux qui s’y trouvent contre la mousqueterie et l’artillerie, jusqu’à un certain point même contre l’explosion des bombes : une bombe qui tombe dans la tranchée ne peut tuer au plus que deux hommes ; elles sont aussi fort bien calculées pour repousser une attaque, étant renforcées par des abatis. Chacun de ces trous est pourvu d’eau, de riz, de bois de chauffage, même d’un lit