Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/320

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La retraite de Bandoolach laissait les troupes anglaises maîtresses de se porter en avant. Pas un homme ne demeurait en armes dans le voisinage de Rangoon. Un grand nombre d’habitants des campagnes, convaincus désormais de l’incontestable supériorité des Anglais, se réfugièrent dans cette ville, pour s’y placer sous leur protection. L’apparence du plus grand nombre de ces pauvres gens, qui venaient de passer plusieurs mois dans des jungles malsains, exposés à toute l’inclémence d’une saison plus mauvaise que de coutume, était pitoyable. Hommes, femmes, enfants, s’étaient vus contraints de travailler jour et nuit à ces palissades, toujours prises aussitôt terminées. Pendant ce temps les injures, les mauvais traitements de la part d’un grand nombre de petits chefs au pouvoir despotique, avaient été leur lot habituel. Dénués de nourriture, réduits du moins à des herbes et des racines, beaucoup périssaient journellement de misère et de faim ; d’autres étaient incessamment punis de mort sous le plus léger prétexte : chacun de ceux qui revenait avait perdu un parent ou un fils. Toutefois, les Birmans ne sont pas gens à se livrer long-temps à un chagrin de ce genre : ils ne s’en mirent pas avec moins d’ardeur à relever et à réparer leurs maisons ; ils reprirent leurs premières professions. Un petit bazar fut construit, dès les premiers jours ; il ne tarda pas à être approvisionné de venaison, de poissons, de fruits, de toute sorte de légumes car le pays en abon-