Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/341

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rangées d’épieux ; enfin, en avant de tout cela, un vaste abatis de 30 verges de large, s’étendait autour de la place, excepté du côté baigné par le profond et rapide Irrawaddy, qui présentait une barrière suffisante. Le camp anglais une fois assis, l’ennemi cessa le feu bien nourri qu’il entretenait depuis le matin. Les assiégés, qui jusque là avaient bordé les remparts, en disparurent tout-à-coup ; les petits détachements de cavalerie qui battaient la campagne rentrèrent dans la place ; mais en même temps, on voyait de temps à autre quelque chef venir examiner du haut d’une tour élevée la situation de l’armée anglaise. De cette circonstance et de quelques autres, on pouvait conclure que le calme momentané dont on jouissait ne serait pas de longue durée. Le soldat ne se trompe pas plus à ces sortes de choses que le matelot aux signes précurseurs de l’orage. La nuit venue, les soldats semblaient en effet compter sur une attaque de l’ennemi : on les voyait examiner d’un air attentif toute la campagne, écouter les moindres bruits avec une sorte d’anxiété. La cloche venait de sonner dix heures ; la lune allait monter sur l’horizon ; en ce moment, éclata tout-à-coup le cri de guerre de l’ennemi, mêlé au feu de la mousqueterie. Les soldats, fatigués des travaux de la journée, commençaient à se relâcher de leur surveillance ; quelques uns dormaient déjà. Bientôt tous sont debout, se saisissent de leurs armes, reprennent leur rang. Les Birmans s’avancèrent sur plu-