Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cultivés de l’Irrawaddy. Les chefs du détachement prenaient de grandes précautions pour empêcher les habitants de s’effrayer de leur approche ; quelques Birmans gagnés les précédaient d’ordinaire, avec mission de faire connaître à leurs compatriotes les dispositions amicales des étrangers qui allaient se montrer. Ce moyen réussit ; dans plusieurs villages, les habitants ne quittèrent pas leurs maisons. On les voyait alors se livrer à un étonnement sans mesure ; les vêtements, les armes, les manœuvres des soldats anglais, tout cela était, en effet, pour eux un spectacle aussi nouveau qu’étrange. Toutefois peu d’instants suffisaient en général à leur inspirer la confiance, même la familiarité. À peine le camp se trouvait-il établi qu’ils accouraient vendre leurs volailles et leurs légumes. Ils acceptaient sans se faire prier un verre de brandy, et considéraient avec une indicible curiosité toute la scène qui les entourait. Les habitations ne présentaient aucune trace de luxe ; loin de là, elles paraissaient même dénuées des objets les plus nécessaires à la vie. L’habitude ne leur en faisait pas moins trouver leur genre de vie fort supportable. Partout où un détachement de Birmans avait précédé le corps d’armée anglais, l’état misérable et désolé du pays ne montrait que trop le chemin suivi par eux. Pillés, rançonnés, maltraités, les malheureux habitants s’étaient d’ordinaire vus contraints d’aller chercher un asile dans les bois du voisinage. À peine apercevait-on de temps à autre,